Le très médiatisé ministre français de l’Intérieur, présidentiable en puissance en avril 2007, est dans nos murs. Nicolas Sarkozy, hospitalité généreusement algérienne oblige, a reçu des autorités de notre pays l’accueil chaleureux qu’il ne méritait pas. Pour plaire au représentant du gouvernement français, nos responsables politiques iront jusqu’à déroger aux usages protocolaires en initiant dans le programme de visite le dépôt d’une gerbe de fleurs au sanctuaire des Martyrs, alors que cet hommage posthume n’est habituellement réservé qu’aux chefs d’Etat et de gouvernement. Animateur d’une droite française de jour en jour plus à droite, Sarkozy a enjambé la Méditerranée visiblement pour être perçu sous de meilleurs auspices par les électeurs black-beurs des banlieues françaises qu’il n’a pas cessé, ces deux dernières années, de martyriser à l’aide d’expédients vulgaires et musclés. L’opinion publique, de ce côté-ci de la mer, a appris à connaître et abhorrer ce personnage ambitieux et provocateur, manipulateur roublard au verbe tranchant, qui a bouleversé les bonnes mœurs de la vie politique française en allant brouter sur les pâturages nauséabonds de l’extrême droite lepeniste. Après les péripéties pathétiques de communautés religieuses accablées, de sans-papiers davantage précarisés et d’enfants d’immigrés culpabilisés, Nicolas Sarkozy se rend compte aujourd’hui que ces citoyens quelque peu français mais tout de même électeurs risquent de constituer cette poignée de suffrages qui aura son poids dans le décompte présidentiel final. Alors qu’il serait en baisse dans les sondages, il ne trouve rien de mieux qu’un saut de sauterelle pour charmer, rassurer et tenter de réchauffer des relations rendues glaciales par la promulgation de la loi sur les bienfaits de la colonisation. Même sur ce dernier chapitre sensible chez les Algériens, il ne fera aucune concession par l’entremise de son conseiller politique, Gérard Longuet, qui trouvera consternantes, la veille de la visite de son ministre, les exigences de notre peuple de reconnaissance par la France des crimes commis en Algérie. La main lourde lorsqu’il s’agit de réprimer les banlieusards et le geste magnanime quand il vient nous annoncer l’allégement dans la procédure de délivrance des visas, M. Sarkozy il aura à le savoir ne peut accorder à notre pays le traitement de n’importe quelle république bananière. Il ne le pourra pas parce qu’un contentieux moral né de la colonisation et de la guerre d’indépendance qui a coûté à notre nation un million et demi de morts reste posé entre les deux pays qu’« une mer de sang sépare », pour reprendre les propos du défunt Houari Boumediène lorsque les relations étaient au plus mal en 1974, quasiment pour les mêmes raisons. Depuis, beaucoup d’efforts ont été faits par les gouvernements successifs des deux côtés de la Méditerranée pour jeter des passerelles amicales durables. Jusqu’au 23 février 2005... Libre à la droite française de s’émouvoir aux larmes jusqu’à pénaliser l’atteinte à l’occultation du génocide arménien. Sur cette terre a également été commis un génocide dont l’auteur est identifié. Notre colère ne vient pas, loin de là, d’une rancune tenace.
Alors, de grâce, que l’on ne nous prenne plus pour des « indigènes »...
Omar Kharoum - El Watan - 14.11.2006
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1 commentaire:
Bravo ! Encore Bravo!
Il est dommage que cet article n'ai pas été repris par les différents journaux "franchaoui" !
Merci Bidouic de nous tenir au courant par ce type d'infos.
Claude
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