Lucie " Catherine " AUBRACLucie in the Sky with Diamonds
» 15/03/2007 De Bertrand Delanoë, suite au décès de Lucie Aubrac Par M. Bertrand DELANOË
J’apprends avec une immense émotion le décès de Lucie Aubrac.
Avec elle, disparaît une figure exceptionnelle de la Résistance, associée de façon fusionnelle à celle de son mari, Raymond.
Lucie Aubrac incarnait le courage au service de la Liberté, le refus de la compromission ainsi qu’un engagement, tout au long de sa vie, dédié aux valeurs essentielles de notre République.
Cette force de conviction, cette élégance, cette droiture, signent un parcours hors du commun en même de temps qu’un legs que Lucie Aubrac aura eu à cœur de transmettre inlassablement.
J’apprends avec une immense émotion le décès de Lucie Aubrac.
Avec elle, disparaît une figure exceptionnelle de la Résistance, associée de façon fusionnelle à celle de son mari, Raymond.
Lucie Aubrac incarnait le courage au service de la Liberté, le refus de la compromission ainsi qu’un engagement, tout au long de sa vie, dédié aux valeurs essentielles de notre République.
Cette force de conviction, cette élégance, cette droiture, signent un parcours hors du commun en même de temps qu’un legs que Lucie Aubrac aura eu à cœur de transmettre inlassablement.
Puissent les jeunes générations s’enrichir de son message et s’inspirer d’une telle intégrité face aux menaces persistantes de la xénophobie et de l’intolérance.
Au nom de Paris et en mon nom personnel, je salue avec respect la mémoire de Lucie Aubrac et je veux assurer son époux de toute notre amitié et notre affection
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En mars 2004, avec plusieurs figures de la Résistance, comme l'ancien dirigeant communiste Maurice Kriegel-Valrimont ou l'ethnologue Germaine Tillion, elle avait signé un appel aux jeunes générations à réagir devant la remise en cause du "socle des conquêtes sociales de la Libération".
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L'histoire de la Résistance, au milieu de tant de drames et d'épopées, continue de se polariser autour d'un événement phare, l'«affaire de Caluire»: l'arrestation par Klaus Barbie de Jean Moulin (suivie de sa disparition) et de huit chefs de la Résistance (dont Raymond Aubrac), tous victimes d'un guet-apens dans un faubourg de Lyon, le 21 juin 1943. L'épisode a nourri conjectures et fantasmes, d'autant qu'y rôde l'ombre de la trahison. L'affaire ne se comprend que si on la replace dans le double contexte du printemps 1943: le contexte extérieur – la stratégie ennemie, celle du haut-commandement allemand; le contexte intérieur – la situation de la Résistance, écartelée entre déchirements intestins et volonté d'unité. De son côté, l'OKW, l'état-major de la Wehrmacht, craint, après la perte de l'Afrika Korps et l'abandon total de l'Afrique du Nord, un débarquement allié sur la rive nord de la Méditerranée, la consigne est de casser les reins à cette Armée secrète dont on vient de découvrir l'existence et dont on surestime les moyens, d'autant que, depuis la guerre de 1870, il est de tradition dans l'armée allemande de redouter par-dessus tout l'action des francs-tireurs.
Dans le camp de la Résistance, en dépit du succès qu'a constitué la formation du Conseil national de la Résistance (CNR) réuni à Paris pour la première fois le 27 mai sous la présidence de Jean Moulin, les désaccords, les rivalités et les tensions atteignent alors leur point culminant. D'âpres conflits opposent en particulier les chefs de mouvement, Henri Frenay pour Combat et Emmanuel d'Astier de La Vigerie pour Libération, à l'envoyé du général de Gaulle, à qui ils reprochent tant sa mainmise autoritaire sur la Résistance intérieure que la remise en selle des partis politiques discrédités. Dans cette atmosphère de crise, au milieu des désastres qui frappent les combattants clandestins (arrestations le 15 mars à Lyon de plusieurs responsables de la Résistance militaire – dont Raymond Aubrac de Libération et Morin-Forestier de Combat, libérés en mai –, chutes massives à Marseille à la suite de trahisons, arrestation à Paris le 9 juin du général Delestraint, chef de l'Armée secrète), d'importantes décisions s'imposent. D'où la réunion prévue par Jean Moulin à Caluire. Car Lyon, capitale de la Résistance, où sont installés la plupart des états-majors clandestins, est l'épicentre de ces aigres conflits. D'où, une fois la catastrophe advenue et la Résistance décapitée, les multiples interrogations et controverses sur les causes et les responsabilités, au premier chef sur le rôle trouble joué par René Hardy, le chef du réseau NAP-Fer, tombé quelques jours plus tôt entre les mains de la Gestapo. Aujourd'hui, si le terrain semble assez bien déblayé par les travaux des historiens, de nombreuses obscurités n'en demeurent pas moins – ce qui explique les polémiques du jour.
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L'histoire de la Résistance, au milieu de tant de drames et d'épopées, continue de se polariser autour d'un événement phare, l'«affaire de Caluire»: l'arrestation par Klaus Barbie de Jean Moulin (suivie de sa disparition) et de huit chefs de la Résistance (dont Raymond Aubrac), tous victimes d'un guet-apens dans un faubourg de Lyon, le 21 juin 1943. L'épisode a nourri conjectures et fantasmes, d'autant qu'y rôde l'ombre de la trahison. L'affaire ne se comprend que si on la replace dans le double contexte du printemps 1943: le contexte extérieur – la stratégie ennemie, celle du haut-commandement allemand; le contexte intérieur – la situation de la Résistance, écartelée entre déchirements intestins et volonté d'unité. De son côté, l'OKW, l'état-major de la Wehrmacht, craint, après la perte de l'Afrika Korps et l'abandon total de l'Afrique du Nord, un débarquement allié sur la rive nord de la Méditerranée, la consigne est de casser les reins à cette Armée secrète dont on vient de découvrir l'existence et dont on surestime les moyens, d'autant que, depuis la guerre de 1870, il est de tradition dans l'armée allemande de redouter par-dessus tout l'action des francs-tireurs.
Dans le camp de la Résistance, en dépit du succès qu'a constitué la formation du Conseil national de la Résistance (CNR) réuni à Paris pour la première fois le 27 mai sous la présidence de Jean Moulin, les désaccords, les rivalités et les tensions atteignent alors leur point culminant. D'âpres conflits opposent en particulier les chefs de mouvement, Henri Frenay pour Combat et Emmanuel d'Astier de La Vigerie pour Libération, à l'envoyé du général de Gaulle, à qui ils reprochent tant sa mainmise autoritaire sur la Résistance intérieure que la remise en selle des partis politiques discrédités. Dans cette atmosphère de crise, au milieu des désastres qui frappent les combattants clandestins (arrestations le 15 mars à Lyon de plusieurs responsables de la Résistance militaire – dont Raymond Aubrac de Libération et Morin-Forestier de Combat, libérés en mai –, chutes massives à Marseille à la suite de trahisons, arrestation à Paris le 9 juin du général Delestraint, chef de l'Armée secrète), d'importantes décisions s'imposent. D'où la réunion prévue par Jean Moulin à Caluire. Car Lyon, capitale de la Résistance, où sont installés la plupart des états-majors clandestins, est l'épicentre de ces aigres conflits. D'où, une fois la catastrophe advenue et la Résistance décapitée, les multiples interrogations et controverses sur les causes et les responsabilités, au premier chef sur le rôle trouble joué par René Hardy, le chef du réseau NAP-Fer, tombé quelques jours plus tôt entre les mains de la Gestapo. Aujourd'hui, si le terrain semble assez bien déblayé par les travaux des historiens, de nombreuses obscurités n'en demeurent pas moins – ce qui explique les polémiques du jour.
Libération du 15/03/2007
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