2006/06/17

Appel du 17 juin


Résistance
«On est fin juin et j'ai peur.» A l'automne, Jonathan, lycéen congolais sans-papiers de 14 ans et demi, a pris le maquis avec sa soeur Rachel pour empêcher l'expulsion de leur mère. Soutenu par ses camarades et ses professeurs, pris en charge par le Réseau éducation sans frontières (RESF) qui se bat aux côtés des enfants scolarisés sans-papiers et de leur famille, le garçon a obtenu un sursis à expulsion jusqu'à la fin de l'année scolaire et a repris le cours de ses études. Il est admis à la rentrée en première S.
Pression. Vendredi, Jonathan s'est rendu au Sénat à l'invitation du sénateur (Verts) Jean Desessard. RESF y avait organisé une cérémonie de parrainage. Objectif : obtenir du gouvernement qu'il renonce à expulser les enfants scolarisés sans-papiers et leur famille à la fin de l'année scolaire. La multiplication des mobilisations autour des personnes menacées a légèrement fait reculer le ministre de l'Intérieur. Mercredi, Nicolas Sarkozy a envoyé aux préfets une circulaire les autorisant à «réexaminer» la situation des familles sans-papiers dont un enfant est scolarisé (Libération du 15 juin). Mais les critères d'attribution d'un titre de séjour paraissant trop restrictifs, RESF a décidé de maintenir la pression.
D'où la cérémonie de vendredi. Les parrains et marraines : une vingtaine de parlementaires. Socialistes comme David Assouline, Julien Dray, Bariza Khiari, Jack Lang, Catherine Tasca, communistes tels Nicole Borvo, Hélène Luc, Roland Muzeau, Jack Ralite, et Verts comme Martine Billard, Marie-Christine Blandin, Alima Boumediene-Thiery et Dominique Voynet. Le député (UMP) Etienne Pinte s'était fait représenter par son attachée parlementaire. Les filleuls : une vingtaine de familles, de nationalités russe, algérienne, ivoirienne, malgache, congolaise, colombienne, équatorienne et chinoise. Chacune est repartie avec un certificat de parrainage portant le nom des sénateurs et députés. Par ce geste, les élus s'engagent à accompagner leurs filleuls tout au long de la procédure de régularisation. «C'est rare de pouvoir poser ainsi des actes concrets de solidarité au-delà des discours et des envolées lyriques», note Dominique Voynet. Bariza Khiari, Martine Billard, David Assouline se disent prêts à aller «jusqu'au bout», y compris en soustrayant leurs filleuls à la police et à la justice.
«Humanité». La date de ce parrainage n'a pas été choisie par hasard. A la même heure et à quelques mètres de là, les sénateurs poursuivaient l'examen du projet de loi Sarkozy qui durcit les conditions d'entrée et de séjour des étrangers. Et tandis que les cérémonies de parrainages se poursuivaient, les sénateurs examinaient un amendement socialiste «tendant à créer une nouvelle catégorie de personnes protégées contre l'expulsion : les jeunes mineurs ou jeunes majeurs inscrits dans un établissement scolaire y compris pendant la période de vacances scolaires». La gauche estime qu'un article de loi présente plus de garanties et est moins facilement modifiable que la circulaire de Sarkozy. Tout en se déclarant défavorable à l'amendement socialiste, rejeté par les sénateurs, Christian Estrosi, ministre délégué à l'Aménagement du territoire, a «réitéré l'engagement du ministre d'Etat que les préfets appliqueront cette circulaire avec parcimonie et l'humanité nécessaire».Libération
Égalité desdroits pourtous les enfants d’Ivry
NOUVEL APPEL À PARRAINAGE L e 3 décembre 2005, 129
enfants d’Ivry, dont les familles sont menacées d’expulsion du pays,ont été parrainés et
placés sous la protection citoyenne et solidaire des habitants, parrains, marraines,
de la municipalité, des organisations et associations partenaires de l’initiative de parrainage civil.
Depuis de nouveaux liens de solidarité se sont tissés dans la ville, l’isolement d’un grand nombre de familles a été brisé, des actions collectives et des interventions individuelles ont été engagées avec des résultats positifs au regard de certaines situations personnelles.
Mais de son côté, le gouvernement a aussi depuis considérablement aggravé les dispositions relatives au séjour des résidents étrangers en terme de vie privée et familiale, avec la perspective de le réglementer totalement en fonction des attentes des employeurs de main d’oeuvre. Ainsi pèsent sur tous les enfants et leurs familles, de très lourdes menaces, en particulier en raison des consignes données aux préfets par le ministre de l’Intérieur de profiter de la période des vacances scolaires pour expulser les jeunes collégiens et lycéens, les enfants scolarisés avec leur famille. Face à cette situation, à ces menaces indignes de notre
pays et contraires aux valeurs de la République, nous réaffirmons que tous les enfants d’Ivry, tous les enfants sont la richesse, l’avenir de notre ville. Aucun écolier, collégien ou lycéen, pas un seul enfant d’Ivry ne doit être chassé de sa ville dans laquelle il doit pouvoir vivre dignement avec sa famille.
C’est pourquoi nous appelons de nouveau les Ivryennes et aux Ivryens à participer à l’initiative de parrainage civil des enfants dont les familles sont menacées d’expulsion, samedi 17 juin 2006, lors de la fête annuelle d’Ivry.

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