2006/06/17

DEBOUT


Résistance

IMMIGRATION • Ces Français qui entrent en résistance
A la fin de l'année scolaire, des dizaines de milliers d'enfants en France risquent d'être expulsés avec leurs parents, des sans-papiers. Une situation inacceptable pour de plus en plus de Français. La résistance à la politique répressive du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'organise.
Manifestation devant une école de PantinAFP
"La protection d'enfants scolarisés contre une arrestation par la police est un nouveau chapitre du débat controversé sur l'immigration en France. Il survient dans le sillage des débats soulevés par les incendies mortels de squats d'immigrés à l'été 2005, les voitures brûlées lors des émeutes des banlieues en novembre de la même année et les affrontements entre jeunes d'origine étrangère et la police dans les rues de Paris au printemps 2006", note l'International Herald Tribune. Le journal américain publié à Paris titre en une : "La nouvelle résistance française : cacher les enfants". C'est que, en vertu d'une circulaire du ministre de l'Intérieur datée du 31 octobre 2005, les élèves dont les parents sont en situation irrégulière pourront être expulsés avec leur famille à l'issue de l'année scolaire en cours. Si le 4 juillet 2006 est la date butoir fixée, les arrestations et les expulsions sont déjà à l'œuvre dans la mesure où une circulaire n'a pas d'effet contraignant et où la décision est laissée à la discrétion des autorités préfectorales. La mobilisation citoyenne en faveur des enfants scolarisés d'origine étrangère menacés d'expulsion s'articule essentiellement autour du Réseau éducation sans frontières (RESF), qui regroupe aussi bien des enseignants, des parents d'élèves, des éducateurs que des organisations associatives et syndicales. Organisé sur l'ensemble du territoire sur la base de collectifs locaux, le réseau est en alerte permanente face aux raids lancés par les autorités et visant à expulser des parents en situation irrégulière avec leurs enfants. Le Washington Post rapporte le cas d'Andrianina, 8 ans, un écolier comme les autres de la banlieue parisienne sud, dont le destin risque d'être bouleversé par une expulsion de sa famille, d'origine malgache, arrivée en France avec des visas touristiques. "La plupart des immigrés arrivent en France avec de tels visas. Beaucoup sont issus d'anciennes colonies françaises du Moyen-Orient et d'Afrique, qui ont toujours des liens culturels et linguistiques avec la France", observe le Post. A présent, la famille d'Andrianina est soumise à une obligation de quitter le territoire et vit dans la peur. "Chaque fois que nous entendons une voiture s'arrêter, nous pensons que c'est la police qui vient nous chercher. Nous n'en dormons plus la nuit", confie la mère. L'IHT cite les tourments de la famille de Samira Babaïan, venue d'Azerbaïdjan avec ses deux enfants, Alek et David, âgés de 10 et 7 ans. "Depuis un matin d'avril, quand la police a débarqué chez eux, Alek est habitué à se cacher avec l'aide de parents et d'enseignants de son école, à Lyon, qui s'organisent pour le protéger avec son frère." "Dispersés dans différentes familles pendant plusieurs mois, les Babaïan ont passé les quatre dernières semaines ensemble dans le même appartement, grâce au soutien d'un prêtre local. Dix parents et deux enseignants se relaient pour emmener les enfants à l'école." "Sarkozy a du cœur", titre néanmoins El País en référence à la récente décision du ministre français de régulariser exceptionnellement des familles dont les enfants répondent à certains critères d'intégration. "Un exercice de compassion politique", commente le grand journal espagnol. En fait, cela témoigne du travail de mobilisation de RESF, qui "a obtenu une première victoire". "Sarkozy est forcé de revoir son plan d'expulsion d'enfants d'immigrés clandestins", titre pour sa part le Guardian de Londres. "Mais, quand le ministre a dit que l'amnistie ne s'appliquait qu'aux enfants nés en France, parlant français et ignorant leur langue maternelle, les opposants à sa politique ont fait le vœu de reprendre leur campagne", rapporte le journal de gauche londonien. Les expulsions de sans-papiers en France sont au cœur de la politique répressive d'immigration du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle de 2007 et qui ne cache pas son souci de rallier des électeurs votant à l'extrême droite. Le Washington Post souligne que, "durant les deux dernières années, les autorités françaises ont multiplié les descentes dans les rues et les stations de métro des quartiers à forte proportion d'immigrés, ont fait pression sur les employeurs pour qu'ils cessent d'embaucher des travailleurs clandestins et ont rejeté de plus en plus de demandes de régularisation venant de sans-papiers".
Courrier International
Noter bien...le lien sur les journaux cités ( International Herald Tribune; Washington Post; El Pais; Gardian ) amène aux articles traduits.

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